dimanche 23 mars 2014

La vie songeuse de Leonora de la Cruz

Les portes du Salon du Livre de Paris ont ouvert ce samedi. Nous sommes donc allées fureter sur les différents stands et sommes revenues avec une pépite : La vie songeuse de Leonora de la Cruz, d'Agnieszka Taborska, paru aux éditions Interférences.


L'auteure est d'origine polonaise. Historienne de l'art et spécialiste du surréalisme, elle enseigne aujourd'hui aux Etats-Unis. Elle nous livre ici un texte tout à fait spécial, accompagné de magnifiques illustrations (des collages principalement) signées par l'artiste américaine Selena Kimball. Il s'agit donc de la vie de Leonora de la Cruz, sainte espagnole qui est devenue la muse des surréalistes.
Les deux femmes nous perdent entre mythe et réalité. Qui est donc cette mystérieuse religieuse endormie, déclarée sainte après avoir réalisé des prophéties fondées sur ses rêves ? Cette femme considérée comme la « déesse de la féminité » par les surréalistes a-t-elle seulement réellement existé ?
On découvre ce livre avec joie, séduites par l'humour du texte et en admiration devant les lithographies. Surtout, on en apprend plein sur le mouvement surréaliste ! A feuilleter d'urgence ! 
La vie songeuse de Leonora de la Cruz, d'Agnieszka Taborska et Selena Kimball, traduction (polonais) de Véronique Patte, éditions Interférences, Paris, 2007.

Plus d'infos sur le site de l'éditeur : http://www.editions-interferences.com/

Marina Poliakova

Après une année délicate et un blog un peu (beaucoup…) délaissé, nous voici reparties de plus belle en ces premiers jours de printemps.


Dimanche dernier, nous nous sommes précipitées au Centquatre pour profiter du dernier jour de l'exposition Circulation(s). Parmi tous ces jeunes talents, une série de photographies nous a particulièrement plu : Bridegrooms ? de Marina Poliakovà.
Du haut de ses trente-quatre ans, l'Ukrainienne a déjà une belle carrière. Outre les expositions, elle dirige la Victor Marushchenka School of Photography à Kiev et est également rédactrice en chef du magazine 5,6 consacré, naturellement, à la photographie.
Bridegrooms ? est une série de nus masculins où les hommes posent dans des paysages bucoliques, adoptant les postures traditionnelles féminines. Le texte expographique nous informe sur les intentions de l'artiste : elle souhaite interroger le rôle des hommes dans la société moderne et le glissement lent du poncif de l'homme de pouvoir à une vision de l'homme moderne qui accepte et revendique de plus en plus son côté vulnérable. Et on adore ! Car donner l'occasion aux hommes d'afficher leur part de féminité, c'est admettre que les femmes, elles aussi, sont « puissantes » par nature (et ça fait toujours du bien de tordre le cou à l'idée qu'une femme ambitieuse ne peut être qu'une gorgone). 


Nous sommes loin des héros de l'Antiquité dont la nudité (même lorsqu'ils sont en train de terrasser un dragon, c'est dire…) représente l'aspect divin, ou de ces Dieux du stade en pagaille qui ont pour unique but de glorifier la « force virile ». Les clichés de Marina Poliakovà nous plongent dans un univers onirique où les genres sont transcendés et où ne compte que l'être humain merveilleux dans sa fragilité.

Toute la série Bridegrooms ? est à voir sur le site de la Bottega Gallery en cliquant ici