jeudi 29 janvier 2015

Tristesse Animal Noir - Anja Hilling

Un grand moment se prépare au Théâtre de l'Aquiarium – La Cartoucherie : Guy Delamotte reprend Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling, du 3 au 15 février.


Anja Hilling est une dramaturge allemande d'un immense talent. Née en 1975, elle obtient son diplôme en « écritures scéniques » à la Universität der Künste de Berlin, après avoir suivi une formation universitaire en lettres et en théâtre.

Le succès ne se fait pas attendre. En 2003, elle obtient le Prix du Meilleur Espoir d'Ecriture Dramatique lors des Rencontres Théâtrales de Berlin, avec sa première pièce Sterne / Etoiles. La même année, elle est invitée en résidence au Royal Court de Londres. Très vite, des professionnels du théâtre du monde entier s'intéressent à son travail. Bientôt, ses pièces sont jouées dans toutes l'Allemagne, en Autriche, en Russie et traduites dans plusieurs langues. En 2007, soit un an après la fin de ses études, le Schauspielhaus d'Hanovre lui commande une pièce de théâtre : elle écrit Schwarzes Tier Traurigkeit / Tristesse Animal Noir. C'est déjà sa huitième pièce.


En 2013, la pièce est représentée au Théâtre national de la Colline, dans une mise en scène de Stanislas Nordey. Deux ans après, les mots résonnent toujours et n'ont rien perdus de leur force.


Un groupe d'amis, bobos, tous plus ou moins artistes s 'offrent une escapade en pleine nature, le temps d'une journée. Un grand pique-nique est prévu, ainsi qu'une nuit à la belle étoile. Nous entrons dans la première partie : La Fête. C'est le temps du dialogue, des complicités et des médisances anodines.
Arrive Le Feu. L'incendie qui surgit dans la nuit. Le chaos gagne vite la forêt, les esprits et les corps. Les chairs, comme les mots, sont rongées par les flammes. Chaque personnage se défait peu à peu de ses oripeaux sociaux et se métamorphose en animal aux abois, luttant pour sa survie. Les voix intérieures s'élèvent, incandescantes et fatales.
La troisième et dernière partie est un retour à La Ville. Tous on repris le cours de leurs vies, mais rien n'est plus pareil. Ce ne sont plus des hommes, mais des rescapés. Si les traces de l'incendie ne sont plus visibles, les survivants semblent pourtant piégés sous les cendres, étouffés sous le poids de leurs fautes, s'évertuant, jour après jour, à reconquérir leur part d'humanité.

Anja Hilling nous captive dès les premières phrases. Elle nous fait vivre l'horreur plus qu'elle ne la décrit. Elle fait naître en nous un flot d'émotions, et de questions. Elle interroge notre humanité : qu'en reste-t-il sans la société ? Qui sommes nous réellement, lorsque nous redevenons des êtres nus face à la nature et face à nos semblables ? Guy Delamotte nous donne sa réponse au Théâtre de L'Aquarium, mardi à 20h30. Autant dire que nous avons hâte d'y être !

Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling
Tristesse Animal Noir, d'Anja Hilling
traduction de l'allemand par Sylvia Berutti-Ronelt
en collaboration avec Jean-Claude Berutti

Théâtre de L'Aquarium - La Cartoucherie
Mise en scène Guy Delamotte
du 3 au 15 février 2015
du mardi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h
Métro Ligne 1 - Château de Vincennes

jeudi 22 janvier 2015

Hommage de l'auteur absent de Paris - Emmanuelle Allibert

Après les tragiques événements qui ont marqué ce début d'année 2015, Talentueuses met un brin de bonne humeur dans sa rentrée.
Fuyant la rigueur de l'hiver, c'est au fond d'un fauteuil, armée d'un thé et d'un livre que je passe le plus clair de mon temps. Mais ce week end, Emmanuelle Allibert est venue bousculer un quotidien parfois maussade.










"L'édition tout entière a tremblé quand la cuisine est devenue le passe-temps préféré des Français"












Hommage de l'auteur absent de Paris, son premier livre, est paru aux éditions Léo Sheer début janvier. Il nous entraîne dans les coulisses de l'édition et, plus précisément, dans les pas de L'Auteur. Elle-même attachée de presse, Emmanuelle Allibert sait de quoi elle parle. En neuf ans, elle en a vu défiler des écrivains, célèbres ou méconnus. Elle les connaît tous sur le bout des ongles, du génie au scribouillard et s'en moque gentiment, comme des mythes qui les entourent.

L'auteur pauvre mais inspiré, arpentant les vernissages, vêtu de sa veste de velours fétiche élimée aux coudes. L'angoisse de la page blanche et la tentation du plagiat. Le tour de France en train pour arpenter les Salons du Livre et l'obsession du fameux bandeau rouge !

En plusieurs chroniques, Emmanuelle Allibert dresse un portrait moqueur et tendre d'un milieu où les petits mensonges de société abondent. L'écriture est vive, rythmée et surtout légère. Une vraie gourmandise pour tous ceux qui ont déjà entrevu le petit monde de l'édition et pour ceux que ce milieu intrigue.

Hommage à l'auteur absent de Paris est, en ces temps moroses, l'antidépresseur indispensable à tous les amateurs de littérature.











Hommage de l'auteur absent de Paris
Emmanuelle Allibert
éditions Léo Sheer, Paris, 2015
216p. 18€